L’E420, c’est dépassé !
Le grand tralala de ce week-end du 31 août et du 1er septembre qui célèbre en fanfare l’ouverture de la liaison autoroutière entre Rocroi et Couvin a de quoi surprendre ! Oui, vous avez bien lu, surprendre…
A l’heure où notre société de consommation doit mettre en oeuvre des mesures urgentes pour limiter drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, réduire ses déplacements, faire place à des moyens de transport de marchandises plus respectueux de la Terre, pavoiser sur ce large ruban inaugural de bitume d’un autre siècle est « scandaleusement » choquant !
Un peu de tenue, Messieurs les Ministres, les Elus du peuple, les Responsables, les VIP… A votre place, je me ferais discret ! L’E420, est-ce une « petite dernière pour la route », avant le passage à la transition écologique ?
Projet d’un autre âge, trait d’encre sur un schéma européen ambitieux des années ’70 du tout à l’auto, était-ce bien raisonnable de poursuivre sur une telle lancée, un demi-siècle plus tard ?
Mais bien sûr que l’E420 est utile ! Elle allège, à droite et à gauche, les flux sur les grands axes Nord-Sud déjà trop saturés ! Elles soudent les liens économiques entre ces deux métropoles que sont Reims et Charleroi. Elle est politiquement nécessaire pour leur développement infini dans ce monde fini, indispensable pour le redéploiement de la région carolorégienne…
Et les GPS intelligents d’inviter les chauffeurs à profiter de cet appel d’air pour venir s’entasser sur l’antique N5, aux portes de Charleroi.
Le « Trident », dans le coin, personne n’en veut, ni élus, ni citoyens des communes de la Ceinture verte de Charleroi. Rien que son inscription au Plan de secteur tarde et va encore tarder… Les recours vont pleuvoir !
La jonction effective entre l’E420, le ring R3, les autoroutes vers Bruxelles et Liège risque d’être remise aux calendes grecques ! Dix ans, quinze ? Que sera la mobilité à cette époque ?
En attendant ou peut-être à jamais, la grosse « conduite » de l’E420 va s’engouffrer dans le tuyau de la N5. Et quand un tuyau se bouche, que se passe-t-il ? Le flux déborde, s’infiltre par tous les cathéters, s’insinuent dans les quartiers résidentiels, les chemins de campagne pour passer, à tout prix !
L’E420, c’était dépassé, non ? Elle conduit droit au mur…
Stop. Il faudra bien s’en sortir !
Pour les conducteurs navetteurs vers Charleroi, il faut mettre les dé-bouchées doubles sur toutes les alternatives au véhicule privé : télétravail, coworking décentralisé, bus rapides et confortables à haut niveau de service, parcages dissuasifs, gares ferroviaires et trains accueillants, meilleures fréquences, tickets combinés, réseaux interconnectés réduisant au maximum les ruptures de charge… Et pour les plus proches de Charleroi, les pistes cyclables…
Quant aux autres usagers de l’E420, pour eux, il est grand temps de mettre à l’étude une alternative crédible au « Trident » : par exemple, même si ce n’est vraiment pas la panacée, une « jonction Est » entre l’E420, à Somzée, et Fosses-la-Ville (N98).
Pas le temps de pavoiser donc ! Il y a du pain sur la planche !
Locale Ecolo de Couvin