Cinquante-huit pages exactement. Telle est l’épaisseur de la décision et de l’arrêté du 15 mai 2020 de la Ministre Céline Tellier et du Ministre Willy Borsus qui sanctionnent le recours déposé par le promoteur de ce projet éolien !

Un long chapelet d’attendus que, de vus que et autres considérants, la somme des récriminations – lors de l’enquête publique – de citoyens d’un voisinage lointain, les contre-avis et avis officiels, tous favorables… Sauf trois !

Primo, celui du Conseil communal de Couvin… non motivé !

Secundo, celui du Pôle Environnement, en bref, parce que le projet s’installe au sein d’un massif de forêts anciennes avec son cortège d’espèces qui l’accompagnent mais dont il reste à prouver que le champ d’éoliennes projeté ait un impact non négligeable sur celles-ci.

Tertio, celui de la Direction de la Nature et des Forêts de Namur, très long, à rebondissements au fil des échanges et, radicalisé. Deux exemples : cet avis reproche à l’étude d’incidences quelque lichen ou mousse non pris en compte par les relevés; ou bien, cet avis détricote les observations de l’étude d’incidences, pour chaque espèce aviaire protégée, qu’elle soit un peu, beaucoup, pas du tout… concernée par l’impact des éoliennes, ou encore (pour la buse variable), sans doute favorisée par la construction de l’autoroute elle-même, un comble !

La Locale Ecolo de Couvin regrette cette attitude moyenâgeuse où chaque vassal campe sur sa motte féodale alors que l’urgence climatique est là !

Alors qu’il est grand temps de se serrer les coudes pour construire la moins mauvaise des solutions en matière énergétique pour continuer à refroidir son frigo ou faire tourner son lave-linge !

Alors que 2025… c’est demain et que la « fermeture du nucléaire » passe inévitablement par un mix énergétique où le développement de l’énergie éolienne occupe et occupera une place importante !

Alors que, du massif forestier originel… il n’est plus aujourd’hui que deux forêts séparées, écorchées sur environ 100 ha de boisement, surtout feuillus à l’origine, par un large ruban de béton et de talus artificiels (largeur 100 à 250 m) dont l’obsolescence « climatique » est programmée. Au programme d’une prochaine législature, parions d’ailleurs qu’il faille bientôt inscrire « l’E420, sur Couvin, qu’en fait-on demain ? ».

Restons sérieux ! Ce ne sont pas un passage supérieur à gibier, un bassin d’orage, quelques tunnels étroits et sombres sous les talus de cette grande infrastructure routière qui pourront apurer la perte inestimable et « non compensable » de cet ensemble forestier, ni maintenir la libre circulation de la faune comme auparavant !

Restons sérieux ! Que sont 6 ha de résineux et quelques petits chênes en bordure de route par rapport à la centaine d’ha de forêt engloutie par l’E420 ? En termes d’impact sur le milieu naturel, dans les évaluations sur les périmètres Natura 2000, quelques pourcents sont considérés comme « non significatifs », à moins qu’il y existe un habitat spécifique qui soit le lieu de reproduction d’une espèce protégée et menacée… Au point où la biodiversité a été aussi malmenée par la tranchée de l’E420, préférer le développement de l’éolien à la place de celui du nucléaire reste une opportunité dont nous voulons nous saisir.

Puisque le mal est fait, la Locale ECOLO persiste donc à croire que ce projet reste l’endroit le plus adéquat pour y ériger des éoliennes sur le territoire couvinois !

Si, avec un acharnement proportionnel aux surfaces forestières impactées par l’E420, les détracteurs des projets éoliens s’étaient opposés à sa construction, cette dernière n’aurait jamais vu le jour et l’opportunité de projets éoliens, le long de celle-ci, encore moins !

Nous entendons déjà gronder les récriminations ! Et le contournement qui libère, à juste titre, tous les couvinois du centre-ville de cette nuisance insupportable du trafic de la N5, qu’en faites-vous ?

Comme nous le lisons encore et entendons trop souvent : la construction de l’E420 et la mise en œuvre – indispensable – d’un contournement sont deux choses distinctes. L’abandon de l’une n’a jamais empêché la construction de l’autre. C’est de l’histoire ancienne et la marche arrière n’est pas possible mais un contournement Ouest, plus léger, eût été une meilleure solution pragmatique, mettant un terme au trafic vers Chimay qui continuera à être la poisse de l’avenue de la Libération et de l’entrée Nord de la ville pour y mettre en place un « boulevard urbain » agréable, vraiment appropriable par les modes actifs.

La motivation spécifique des deux Ministres qui ont dû prendre leur responsabilité et leur décision reste malheureusement dans les cartons, entre les lignes de ce volumineux document ou dans les bruits de couloirs.

Un point essentiel du programme de la Locale de Couvin était la transparence politique.

Alors… parlons-en, pour peu que nous ayons bien perçus les chuchotements des Ministères : Monsieur Borsus était favorable ; Madame Tellier le serait aussi ! Oui, vous avez bien lu ! Cependant, pour éviter les longs recours au Conseil d’Etat, la Ministre aurait préféré refuser le permis et inviter le promoteur à améliorer sa copie sur le plan de la biodiversité et des compensations et à déposer une nouvelle demande de permis…

Un fois de plus, soyons sérieux !

Primo… Quelle que soit la bonification prise par la nouvelle demande de permis qui sera bientôt déposée, en cas de décision favorable des instances administratives, cela n’empêchera pas les habituels recours au Conseil d’Etat, de certains riverains et opposants. Les promoteurs éoliens sont rompus à devoir répondre à ces recours et ils savent pertinemment bien que huit projets sur dix rejoindront la poubelle !

Secundo… Nous voulons laissons juge de l’interprétation à donner à une décision ministérielle qui prenne en compte les possibles déboires occasionnés à son promoteur…

Ecolo Couvin dénonce donc ce gâchis ! Elle revendique qu’un plan de développement des énergies renouvelables dont l’éolien, fruit d’un consensus, soit remis à l’ordre du jour, comme celui de l’accouchement problématique du Cadre éolien, sous la majorité « Olivier » du début des années 2010.

La production d’énergie est un bien commun essentiel qui doit être pris en charge à un niveau régional et ne pas « stagner » sous le joug de chaque seigneurie locale.

La locale voudrait, enfin, souligner un point positif dans ce qui pourrait paraître comme un échec ou le sujet de risées des détracteurs éoliens : au sein de l’ensemble du Conseil communal, les lignes ont bougé et l’isolement pro-éolien de son seul conseiller Ecolo sur 23 est rompu ! Au niveau local, prenons donc le vent en poupe et discutons ensemble sur des bases objectives et non sentimentales ou électoralistes, sur les espaces, endroits, biefs, opportunités, bâtiments qui soient les plus adéquats pour y développer la production d’énergies renouvelables.

Pour un nouveau projet éolien affiné le long de l’E420, la locale Ecolo s’arme de patience et donne donc rendez-vous aux Couvinois, dans un an environ !