La Commune de Couvin vient d’obtenir une dérogation qui autorise l’élimination pure et simple par des tirs effectués par des détenteurs de permis de chasse de deux Castors (maximum) qui se sont installés sur les sources de l’Eau Noire au lieu-dit Rosine à Cul-des-Sarts.

La Locale Ecolo-GIC de Couvin rappelle que le Castor est une espèce protégée en Wallonie et que « sa capture et/ou sa destruction ne doivent être autorisées qu’en dernier recours » (brochure du SPW « Cohabiter avec le Castor en Wallonie », mai 2015). Si c’est l’intérêt public qui est défendu (c’est le cas ici), cette même brochure souligne « le caractère impératif de l’action envisagée, à opposer à l’intérêt de conservation de l’espèce visé par la Directive habitats ».

Ecolo-GIC constate que la solution arrêtée ici est extrême et ne respecte pas l’esprit des législateurs wallon et européen. Elle n’est ni pédagogique, ni éthique, ni durable : des populations existent en aval sur l’Eau Noire qui auront tôt fait de recoloniser le site et les étangs en amont favorables aux Castors.

Elle s’interroge sur l’empressement de la Commune de Couvin (demande déposée le 6 novembre 2023), du service extérieur du DNF (avis daté du 6 novembre) et de l’inspecteur Général (dérogation datée du 13 novembre) signée par son délégué. Un tel court laps de temps entre avis, demande et autorisation ne peut décemment pas permettre d’analyser, solliciter l’avis d’expert(s), tester ou mettre en place des aménagements, travaux comme le creusement d’un fossé profond le long de la route pour permettre l’écoulement des eaux vers le ruisseau, la protection du collecteur en particulier qui parcourt la voirie et autres solutions moins radicales ! A noter que la plupart de ces autres actes moins dommageables pour les Castors doivent faire l’objet du même type de demande de dérogation (comme la destruction de barrage, par exemple). La brochure du SPW citée supra « Cohabiter avec le Castor » consacre une trentaine de pages aux diverses possibilités d’intervention. 
Au final, s’agit-il d’empressement, de solution de facilité ou d’une recherche de discrétion mise en échec par la presse ?

Ecolo-GIC veut aussi insister sur le fait que la solution définitive obtenue est symboliquement déplorable dans une commune participante au Parc National de l’Entre-Sambre-et-Meuse et faisant partie du territoire du Parc Naturel Viroin-Hermeton.

Alors même que le Parc National prévoit sur la Commune de Couvin, des espaces de « réensauvagement » et que le Parc Naturel Viroin-Hermeton s’active à la « reméandration de cours d’eau comme l’Eau Blanche, cette solution nous paraît pitoyable ! En effet, le Castor est le meilleur allié naturel qui agisse à ces fins de renaturation d’espaces humides et aquatiques, spontanément et gratuitement !

L’autorisation obtenue ouvre aussi un précédent pour justifier le tir d’autres Castors qui gêneraient, voire l’élimination d’autres espèces protégées…

Ecolo-GIC souligne par ailleurs que le site de la rue Rosine est implanté en zone d’aléa élevé d’inondation. Les suppressions des barrages et des castors ne répondront donc pas de façon permanente à la présence d’espaces plus ou moins inondés (lames d’eau de faible profondeur). Le risque d’aquaplanage continuera dès lors de subsister.

Elle souligne enfin que la station d’épuration est implantée hors zone d’inondation.

Sarah Noël, Jean Lemaire et Serge Fetter